Naître à soi-même : entre migration, danse aérienne et maternité
- cielito.danses.aeriennes
- 3 août
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 août
À 39 ans, un nouveau souffle a traversé ma vie. Celui de la maternité.
Une envie soudaine, longtemps étouffée par les projets, par la peur peut-être… et qui s’est finalement imposée comme une évidence, bouleversant tout sur son passage.
Aujourd’hui, j’ai envie de partager avec vous un bout de mon histoire. Une histoire de migration, de passion, de maternité… et de résilience. Une histoire suspendue entre deux mondes, deux cultures, deux élans : celui de créer, et celui de donner la vie.
Je suis Maria Dolores. Je suis femme, mère, migrante, danseuse et cheffe d’entreprise. Voici mon chemin.

Quitter, apprendre, reconstruire
Je suis née au Mexique. En 2008, à 25 ans, je suis arrivée en France. Seule. Mille euros en poche. Pas un mot de français. Pas de plan B.
Juste cette intuition : c’est ici que tout allait commencer.
Les premiers temps ont été rudes. Il a fallu apprendre la langue, comprendre les codes, apprivoiser la solitude, surmonter l’isolement.

Et puis, petit à petit, j’ai construit. J’ai trouvé ma place. J’ai persévéré, jusqu’à obtenir la nationalité française, des années plus tard.
Je suis une femme franco-mexicaine. Et cette double culture, parfois vertigineuse, est une richesse immense. Mes racines mexicaines nourrissent mon art, mes chorégraphies, mes choix esthétiques. Elles sont là, dans chaque mouvement. Le Mexique est loin, mais il danse en moi.
Et cette culture partagée, je la transmets à mes élèves, au public, et à mes enfants. C’est un héritage vivant que je chéris profondément.
J'ai fait mes études dans un parcours scientifique. J'ai été statisticienne (Bac+5), contrôleuse de gestion, data scientist pendant 10 ans. Un long voyage dans un camion aménagé avec mon compagnon m'a fait comprendre que j'avais besoin de changer de chemin. Trouver un nouveau souffle. M'envoler. Me transformer. Faire ce que j'ai toujours aimé : la danse aérienne.
Trouver ma place… dans les airs
C’est en France que j’ai trouvé l’air. Ou plutôt : les airs.
Je suis danseuse aérienne depuis plus de dix ans. Professeure de pole dance et de disciplines aériennes depuis sept ans. J’ai fondé Cielito il y a six ans : une école née d’un besoin vital de transmettre, et de l’espoir de rendre les danses aériennes accessibles au plus grand nombre.
J’y ai développé ma propre pédagogie, affinée au fil des années avec rigueur, douceur et créativité. Aujourd’hui, je forme aussi des futur·es professeur·es. Plus de 120 ont déjà été formé·es par mon école.
Mon corps est mon outil de travail. Il est aussi mon langage. Grâce à lui, j’ai appris à habiter l’espace autrement. À me réapproprier le vide. À trouver ma voix.
Donner la vie sans perdre la sienne
Longtemps, j’ai mis la maternité de côté. Trop occupée. Trop passionnée. Trop effrayée aussi par ce qu’elle pouvait venir bouleverser.
Et puis, le désir est devenu trop fort. Tardif. Inévitable.
J’ai eu la chance de devenir mère à 39 ans. Mon fils Pablo est né en avril 2023. Ma fille Nayeli en mai 2025. Deux merveilles. Deux tempêtes. Deux naissances qui m’ont transformée à tous les niveaux.
Devenir mère quand on est artiste, entrepreneuse, et que son corps est au centre de tout, est un défi immense.
Heureusement, je n’ai pas été seule. J’ai pu m’appuyer sur des soutiens précieux : mon compagnon, ma famille, des ami·es, des élèves... Leur présence m’a portée, parfois littéralement, quand mon énergie ou mes certitudes vacillaient.
Mais j’ai aussi découvert une réalité plus rude : tous les environnements ne sont pas bienveillants. Certaines réactions m’ont heurtée. La maternité a mis à l’épreuve mes équilibres, y compris professionnels. À certains moments, mon travail a été mis en danger.
Les congés maternité sont des pauses forcées. Et le retour n’a rien d’évident. Il est parfois lent, frustrant, douloureux. Il faut réapprivoiser son corps, sa force, sa souplesse, sa créativité. Tout cela en reconstruisant aussi une place, un rythme, une confiance.
Mais j’ai appris. À écouter autrement. À danser autrement. À faire autrement. À faire confiance mais aussi à me méfier. J’ai compris que le corps – s’il est respecté – sait se réinventer. Il est mémoire, force, terrain d’accueil.
Et cet été, pour la première fois, je m’accorde une vraie pause. Un mois complet, pour moi. Pour souffler. Pour intégrer. Pour apprendre de ces épreuves. Et revenir plus forte.
Un parcours libre

Mon parcours est tout sauf linéaire. Il est sinueux, intense, imprévisible. Il traverse les airs, les frontières, les maternités, les doutes, les victoires comme les épreuves. Il est habité par la passion.
Je suis une battante. Une femme libre. Une mère, une artiste, une entrepreneuse.
J’ai hâte de vous retrouver à la rentrée, pour continuer à faire vibrer les corps, les cœurs… et les cieux.
Parce qu’au fond, c’est cela que j’ai appris : transformer les épreuves en envol. Et ne jamais cesser de danser. Car comme disait très joliment Nietzsche : « Une journée sans danse est une journée perdue. »
Remerciements
Un grand merci a toutes les profs de Cielito qui m'ont soutenue pour continuer à faire vivre cette aventure. Un grand merci à mes élèves pour leur patience et bienveillance. Un spécial merci pour mon compagnon de vie, père de mes deux enfants, sans lui tout cela n'aurait pas été possible.
Un grand merci aussi à ma belle-mère et mon beau-père, toujours présents pour nous aider avec tant de générosité. Je me sens chaque jour, soutenue et surtout... aimée.
Merci de m'avoir lu !
Maria JAIMES
CIELITO DANSES AÉRIENNES
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